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Le Château Ambulant

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les avis de Cinemasie

11 critiques: 4.27/5

vos avis

53 critiques: 3.82/5



Marc G. 5 Magnifique
MLF 4.75
Xavier Chanoine 4.75 Tout bonnement exceptionnel
Astec 4.25 Encore des petits pains...
==^..^== 4.25 Pas tout à fait nouveau mais comme toujours un pur plaisir
Tenebres83 4.25
drélium 4 magie à l'arrachée
Ordell Robbie 4 Château Merveilleux
Ghost Dog 4 Complexe imaginaire
Junta 4 Miyazaki se renouvelle en se recyclant, c'est toujours aussi merveilleux.
Arno Ching-wan 3.75 Once upon a time Miyazaki.
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Tout bonnement exceptionnel

Parce qu'il foisonne d'idées de tout poil, parce que ses personnages féeriques vous transportent vers des contrées rarement atteintes dans le paysage d'animation, parce que son traitement alliant parfaitement message social anti-militariste et précaution de l'être plus âgé est asséné avec suffisamment de retenue pour ne pas paraître lourd, parce qu'il évoque tout un pan de la filmographie du sensei par l'utilisation exceptionnelle de la matière (caoutchouc, liquide visqueux, herbe, air, eau) et la présence de mauvais personnages au bon fond (la sorcière des landes), Le château Ambulant est un immense classique instantané qui vous renverra à la dure réalité de la vie une fois la projection terminée. Peu d'oeuvres peuvent se targuer à ce stade de proposer autant de magie et de poésie atteignant la grâce chaque seconde, notamment par la présence de détails d'une précision chirurgicale confinant à la maniaquerie. Du travail d'orfèvre qui n'a de défaut que d'appuyer fortement les sentiments en fin de métrage et d’accompagner les images de guerre d’une musique pompière, mais rien qui ne fait basculer l'oeuvre autre part que vers des sentiers d'une poésie universelle.

 


11 février 2006
par Xavier Chanoine




Encore des petits pains...

Le Château Ambulant, comme toute oeuvre "miyazakienne", rejoue une énième fois les thématiques et figures de styles propre à Miyazaki ; il y a la guerre, la nature, la métaphore d'une habitation (ici le château et dans Chihiro la maison de bains) comme moment de maturation existentiel (Chihiro) et symbole d'une relation amoureuse "domestique" en construction, métaphore sur la vieillesse également... Tout ça et bien d'autres choses déjà abordées par le réalisateur dans ses différents films. Le Château Ambulant démontre encore toute la richesse de l'imaginaire de Miyazaki, le sens du timing dans sa mise en scène, sa capacité à capter en deux plans trois mouvements l'attention de n'importe quel être un minimum sensible. Le Château Ambulant prouve que si on peut mettre en doute le miracle des petits pains, les miracles successifs et constant que sont les films de Miyazaki apportent la preuve de son génie avec une habitude qui frise la banalisation du miracle. Là est certainement la raison qui fait dire à certains que le monsieur se répète, ou qu'il tourne en rond, ces derniers confondant tics visuels et thématiques avec univers intérieur.

Mais Le Château Ambulant marque surtout, sous ses apparences de redite géniale, l'émergence d'une dimension absente du reste de la filmographie de Miyazaki : Le Château Ambulant est certainement le premier film de Miyazaki qui fait clairement transparaître une forme d'érotisme dans sa façon d'aborder ses personnages principaux. Non seulement le réalisateur s'occupe d'amours plus matures qu'à son habitude, mais il passe aussi le seuil de la relation platonique sur laquelle il s'était toujours arrêté pour aborder frontalement cette question : dans Le Château Ambulant les courbes toutes féminines de l'héroïne visibles au détour d'un plan posent immédiatement la notion de désir qui en est consubstantielle. De mémoire, pour la première fois de façon centrale, Miazaki explore pudiquement et délicatement mais néanmoins réellement le sentiment amoureux chez quelqun d'autre que des ados assexués. Il ne botte même pas en touche comme ce fût le cas, de façon trés romantique, dans Porco Rosso. Le désir est là qui envahit tout le film : la Sorcière des Landes n'est-elle pas la figure même de la frustration amoureuse accumulée au cours des ans, frustration amoureuse sublimée par une vie qu'on devine pleine de stupre et de luxure, un trop plein fait chair et bourrelets censé combler le vide sentimentale qui est désormais son quotidien ?

Sous l'apparence de la redite le dernier film de Miyazaki marque une réelle évolution des préoccupations du bonhomme. Et quand on y regarde de près, tout le dispositif narratif qui pousse nombre de critiques à établir une liste de comparatifs abscons pour essayer de situer le film dans l'oeuvre de Miyazaki, n'est qu'apparat et décors de théatre - là où précedemment il était souvent une bonne partie de la matière thématique première - permettant à ses personnages d'exister, servant avant tout et uniquement à mettre en relief cette quintessence de relation amoureuse qu'est l'histoire de Haru et de Sophie ; la guerre, le pouvoir, la corruption, la nature... autant de thèmes qui confinent volontairement au cliché, autant de sous-intrigues qui n'appellent aucune résolution car tout ce qui importe au réalisateur, tout ce qui nous importe finalement, c'est de savoir "s'ils vont sortir ensemble", bien que l'on sache dès le départ qu'il ne peut en être autrement, comme dans toute comédie romantique.

Chihiro était emprunt d'une inquiétude sourde et d'un malaise permanent, traversé de long en large par cette personification du trop plein libidineux qu'était le personnage de l'esprit collant - c'est bien le mot - au basques de l'héroïne. Le Château Ambulant, au contraire, est léger et inconséquent (la façon dont sont cavalièrement abordés tous les thèmes "sérieux"), principalement préoccupé par les sentiments de ses personnages, personnages principalement préoccupés par leurs sentiments. Le plan le plus marquant du film ? Sophie, vue de dos, avec son physique de jeune fille, la courbe de ses reins épousant sa robe, la forme de ses fesses se devinant dessous. Un plan aussi fugace qu'un bout de jambe révélé par une jupe brièvement relevée...



15 février 2005
par Astec




Pas tout à fait nouveau mais comme toujours un pur plaisir

Cette nouvelle production des studios Ghibli, n'est pas tout à fait un trésor de nouveautés. On y retrouve quelques répétitions par rapport aux anciens films: un chateau qui vole, de la magie, des traits familiers chez les personnages, ... Mais d'un autre point de vue, se sont aussi les ingrédients qui ont toujours conduient aux bonnes recettes et à captiver le public. En tous les cas, moi, ça m'a plu.

Ce qui est indiscutable, c'est qu'une nouvelle fois, les studios Ghibli nous offre un feu d'artifice de couleurs, de graphismes et bien sûr une bande son toujours aussi plaisante. Ainsi, après quelques minutes, les anciens points communs avec d'autres films sont oubliés et vous vous sentez absobé par l'histoire de Sophie.

Tout de même un petit peu décevant, les détails sur les personnages principaux ne sont pas assez nombreux. Markl ou le petit démon du feu Calcifer auraient dus être dévelopés plus.

Ne réfléchissez pas trop, profitez du spectacle.



07 mai 2006
par ==^..^==




magie à l'arrachée

Mêmes ingrédients pour une recette proche, techniquement parfait et très souvent bluffant, Miyazaki recycle tous ses thèmes favoris dans une gigantesque marmite estampillée "magie pure" pour cuisiner un nouveau plat maison ultra calorique, une recette au goût prononcé qui a quand même du mal à se contrôler, à contenir ses protubérances éruptives qui voudraient déborder de l'écran pour échapper au cadre du récit, à l'image de ses chers personnages dont l'esprit déborde au delà du corps pour se répandre partout en une bouillie informe.

Du coup, même l'amoureux de la fantaisie la plus foisonante aimerait parfois se raccrocher à une réalité plus tangible pour mieux apprécier la force si évidente des grands chef d'oeuvre de Miyazaki et mieux se retrouver dans le champ infini de son esprit qui semble toujours vouloir aller plus loin dans le délire rêvé (désir que je souhaite ardemment aller toujours plus loin pourtant). Alors malgré la grande légèreté de l'histoire qui ne compte presque que sur les sentiments des personnages, malgré la reprise évidente de certaines recettes conceptuelles et malgré mes interrogations quant à l'unité de l'ensemble, moins évidente et concise car ouvertement couverte par la magie qui de toute façon peut tout se permettre, ce château en a dans le ventre, maîtrise presque parfaitement son feu d'artifice, tentant de garder ses thèmes importants bien calés au fond du panier pour que les flots n'emportent pas tout quand la marée fantastique se déchaîne.

22 février 2005
par drélium




Château Merveilleux

Avis avec SPOILERS

Du temps, il en faut un peu plus qu'aux Miyazaki précédents à ce Château Ambulant pour acquérir toute sa force. Mais c'est aussi parce qu'il prend son temps pour poser tous ses enjeux thématiques et narratifs que cette nouvelle réussite d'un grand du cinéma mondial finit par émouvoir. Reste qu'on voit néanmoins très bien pourquoi le film risque de susciter des avis très tranchés: pour certains, sa richesse scénaristique pourra être synonyme de trop plein, de scénario embrouillé et son côté visuellement baroque de pompiérisme indigeste.

Ce qui gêne au début du Chateau Ambulant, c'est l'impression de (bon) pilotage automatique qu'il dégage. Certes, on rit déjà beaucoup au début du film mais cela ne fait pas oublier des éléments visuels un peu trop proches du Voyage de Chihiro et un Hisaishi qui refait du Hisaishi. On n’aurait rien contre le (re) travail sur des effets de signature mais ici on est plus proche de la reprise en un peu moins fort et un peu moins émouvant. Mais si le film va avoir par la suite en commun avec Chihiro son caractère de conte initiatique –d’une fille ne se sentant pas attirante- il va néanmoins éviter ce genre d’écueil. Lorsque son héroine se retrouve « transformée », elle commence à regarder d'un autre oeil son vieillissement subi. Alors qu’elle veut au début cacher sa vieillesse –le drap, la fuite-, elle se met à prendre conscience qu’elle a gagné en vécu lui permettant d’affronter les aléas de la suite du récit. La transformation n'aura donc pas été que physique. Un peu comme après avoir imaginé son nouveau physique comme un obstacle dans la conquête de l’homme qu’elle aime elle finira par le surmonter.

A partir de là le film va jouer sur les questions des apparences et de la frontière rêve/réalité. Les moments où l’héroine apparaît avec un visage rajeuni peuvent ainsi se concevoir de diverses manières : comme des moments où elle tente de s’imaginer plus jeune, comme des passages rêvés, comme des moments où l’homme qu’elle aime la voit plus jeune, comme des moments où le sortilège suspend son effet. Mais cette quête est aussi pour elle l’apprentissage de l’acceptation des apparences/transformations moins attirantes de l’homme qu’elle aime. Les rôles se retrouvent également parfois inversés dans la narration. Celle qui a jeté un sort se retrouve vieillie et désirant le jeune homme, se retrouvant ainsi dans la position dans laquelle elle a mis l’héroine. Lorsque par erreur les cheveux du jeune homme se retrouvent à changer de couleur et que ce dernier se demande s’il est encore attirant, c’est celle qui s’est retrouvée avec les cheveux blancs par la faute d’un sortilège qui le console. L’idée de pouvoir avoir plusieurs vies se retrouve aussi cette fois au sens littéral au travers du personnage de Calcifer qui réussit à se ranimer alors qu’il était éteint.

Le seul salut dans le film, c’est d’accepter de vieillir comme cette héroine qui revient au point de départ pour accepter de se montrer vieillie aux gens de son proche entourage. C’est ce genre de jeu sur les rôles et les apparences qui donne au film son pouvoir de fascination et à la narration sa force. L’autre point intéréssant est l’intrusion en contrepoint du récit de la guerre : au monde de pure évasion du film s’oppose ainsi la réalité la plus cruelle. Et c’est par la guerre que les deux êtres vont se construire et se rapprocher. Le monde irréel du château ambulant et du jeune homme se trouvant à bord refuse ainsi de se compromettre dans la cruauté humaine, d’aider par la magie les hommes dans leur entreprise destructrice. Visuellement, le film va pousser le gout d’une certaine surenchère baroque encore plus loin que Chihiro : tous les passages relatifs à la guerre sont ainsi soufflants de meme que le château ambulant du titre. Quant au score d’Hisaishi, il va se révéler plus varié au cours du film et ainsi mieux fonctionner. Grace à la combinaison de tous ces éléments, l’émotion va aller progressivement crescendo dans le film.

On le voit, Le Château Ambulant fonctionne à de multiples niveaux : comme cinéma d’évasion pure naïf et visuellement baroque, comme film sur les apparences dans la relation amoureuse, la lutte pour accepter le vieillissement, l’idée de vies multiples, comme film/roman d’initiation et comme dénonciation de l’horreur de la guerre. A défaut de renouveler fondamentalement l’œuvre de Miyazaki, il maintient sa régularité vers le haut et offre un modèle de cinéma à la fois ambitieux visuellement et thématiquement, de cinéma alliant la naïveté, l’évasion du réel et la grandeur humaniste.



17 novembre 2004
par Ordell Robbie




Complexe imaginaire

Peut-on parler d’œuvre mineure de Miyazaki en évoquant Le Château Ambulant ? On serait tenté de dire oui, car cet anime ne marquera probablement pas autant les esprits qu’un Mononoke ou qu’un Chihiro. Cependant, la patte de Miyazaki est telle que même pour une œuvre considérée comme « moins incontournable » que les autres, cette dernière se classe nettement au dessus du tout venant, seuls Otomo, Takahata et Oshii étant capables de rivaliser à ce niveau-là. Avec une imagination fertile et délirante, des idées absolument géniales (un château sur pattes tout déglingué, un changement de monde sur simple rotation d’un bouton, un prince transformé en épouvantail bondissant) et une complexité de situations impressionnante, il parvient, tout en conservant ses thèmes de prédilection comme la nature, la guerre et les machines volantes, à nous entraîner dans son monde, un univers sans limites où tout est possible. Du grand art, forcément.



14 février 2005
par Ghost Dog




Once upon a time Miyazaki.

A raison, certains voient dans ce chateau ambulant une sorte de petit résumé de la carrière du Maître. Tout comme Sophie qui est amoureuse de son beau magicien, Miyazaki est amoureux de la magie du DA, et tout comme Sophie, il y consacrera toute sa vie. Plusieurs clins d'oeil au passé viennent renforcer cette hypothèse: les vaisseaux de guerre ont presque le même design que les insectes à carapace de Nausicaä de la vallée du vent, un navire en feu et tout son équipage s'enfuyant dans un joyeux bordel, cela nous ramène aux pirates de Laputa, le château dans le ciel et même, pourquoi pas, aux gendarmes en furie de Sherlock Holmes. Le petit avion que pilote Sophie, lui, ressemble beaucoup au planeur de -once again- Nausicaa, les bestioles/animaux de compagnie sont toujours là pour faire les pitres, quant à l'endroit où loge notre héroïne au début, il ressemble à s'y méprendre à la petite maison avec courette intérieure de Kiki la petite sorcière. Un film testament? En attendant le prochain, peut être. Peut être aussi que le spectateur apprend juste à connaître et reconnaître le bonhomme, comme on reconnaîtrait un bon ami dans la rue.

La magie est toujours là, bénéficiaire cette fois d'une nouvelle richesse thématique, ce qui lui permet d'être supérieur à celle d'un Le Voyage de Chihiro un peu trop gentiment fourre-tout. Le Château ambulant transcende aussi son statut d'excellent divertissement grâce à des passages somptueux de maturité, en particulier cette scène superbe, dans le château de la reine, où l'envolée lyrique de la plaidoirie de Sophie est secondée par les évolutions adéquates de son visage.

Quelques petits bémols sont malgré tout à signaler. Au début du métrage, la morale sur la vieillesse et ses vertues est quelquefois un peu trop appuyée. Le score d'Hisaishi, bien qu'efficace, n'a plus rien à voir avec les perles qu'il nous avait concocté pour Totoro et Mononoke, mais là où le film devient surtout très déstabilisant, c'est avec son traitement expéditif et excessif du gros happy end qu'il nous balance. Certaines entités auraient dû périr et ça n'est pas le cas, Miyazaki préfèrant apparemment sacrifier son propre talent et limiter une partie de ses ambitions pour ce qu'il imagine être la bonne cause: les enfants. A terme, ce choix n'étant pas artistique, cette scène (un vrai petit sabordage) dénote énormément par rapport à tout ce qui a précédé. Reste un élan de grande générosité, artistiquement discutable mais quelque part on s'en fout un peu, ça fini bien et les mômes sont contents.

Le mélange des contes d'antan (ah cette porte magique qui donne sur un autre monde... vous avez dit "Narnia"?) et des délires de Miyazaki fonctionne très bien. Comme à l'accoutumée, le bestiaire Miyazaki se voit agrémenté de nouvelles créatures complètement décalées, ces dernières étant comparables aux éternels sidekicks promus peluches de chez Disney. Une nouvelle fois ça marche, la preuve, on a tout de suite le besoin urgent de s'acheter un épouvantail pour étendre le linge en sortant du ciné. Génial, non?



25 janvier 2005
par Arno Ching-wan


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